Tant que je Serai Noire
Les belles rencontres sont tellement faciles à raviver. Longtemps, « Je sais pourquoi chante l’oiseau en cage », le premier volet autobiographique de Maya Angelou, est resté mon œuvre préférée. Longtemps j’ai désespérément essayé, jusqu’à l’oubli, d’en lire la suite. Je ne pouvais aborder l’œuvre dans la langue de Shakespeare. Mais je ne trouvais pas les traductions en Français des suites. Et puis la retrouvaille imprévue récemment : « Tant que je serai noire », la suite. Maya Angelou, victime d’inceste, enfant-mère puis mère seule dans le premier volet a grandi. Elle parcourt sa trentaine. Elle élève toujours toute seule son fils Guy qui aborde l’adolescence. Sans formation professionnelle précise, elle est une chanteuse moyenne qui aspire à être écrivain. Elle espère toujours le prince charmant. Elle se découvrira de redoutables capacités d’organisatrice qui lui vaudront d’être cooptée parle bureau new-yorkais de la SCLC (Southern Christian Leadership Conference) de Martin Luther King. Devenue de fait militante pour les droits civiques en ces années 50-60, elle rencontrera l’amour en la personne de Vuzumbi Make, cadre du Congrès Panafricain, un parti politique sud-africain radical (dont les membres les plus actifs sont obligés de vivre en exil) fort actif en ces années de la brutalité de l’apartheid.
Le parcours, les rencontres de Maya Angelou nous mènent ainsi des Etats-Unis à l’Afrique, en passant brièvement par l’Europe, au cœur du bouillonnement militant de ces décennies 50 et 60. De la lutte pour les droits civiques dans son pays à la lutte contre l’apartheid – et les luttes pour les indépendances – Angelou est un trait d’union entre la terre d’origine et le sol américain.
Durant les années de quête infructueuses des volumes suivants de l’autobiographie de Angelou, je n’ai pas manqué une occasion de prêter attention à son propos chaque fois qu’il me parvenait. Et rien de ses allures de grand-mère sage et surement tendre ne m’avait laissé deviner la jeune adulte timide et peu sure d’elle même qu’elle fut.
Une vie pleine d’enseignement !
"Tant que je serai noire" Ed. Le livre de Poche